Dernières actualités avec #Katrine Desautels


La Presse
3 hours ago
- Science
- La Presse
Un sédatif pour animaux de plus en plus détecté dans des drogues illégales
Un sédatif pour animaux de plus en plus détecté dans des drogues illégales Une substance émergente au Québec est de plus en plus détectée dans des drogues illicites. Il s'agit de la médétomidine, qui est à la base un sédatif et analgésique qu'emploient les vétérinaires. Katrine Desautels La Presse Canadienne L'utilisation de la médétomidine n'est pas approuvée chez l'humain, mais sur le marché illégal des drogues, ce nouvel additif est souvent mélangé à des opioïdes, principalement du fentanyl. On la retrouve aussi dans d'autres substances aux effets sédatifs ou les benzodiazépines de synthèse. La médétomidine est fréquemment détectée dans des échantillons de drogues saisis et analysés aux États-Unis et au Canada, indique l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) dans un récent article. Au Canada, la médétomidine a été repérée pour la première fois en 2022 dans un échantillon sous forme de poudre en Ontario. Cette substance a commencé à être plus couramment détectée au pays en 2024. Selon les données du Service d'analyse des drogues de Santé Canada, 925 échantillons analysés entre janvier et septembre 2024 contenaient de la médétomidine, dont 85 % de drogues saisies en Ontario. Au Québec, on l'a détectée pour la première fois en avril 2023. Depuis, la médétomidine a été trouvée une vingtaine de fois, ce qui représente moins de 2 % de toutes les détections de cette substance au Canada. Le puissant effet sédatif est le principal risque de consommer de la médétomidine, surtout lorsqu'elle est prise avec d'autres substances qui ont des effets dépresseurs sur le système nerveux central. « Cette situation est particulièrement préoccupante étant donné que les gens peuvent consommer cette substance à leur insu », soulève l'INSPQ. Parmi les autres effets secondaires, il y a des étourdissements, sédation, ralentissement du rythme cardiaque, de l'hypothermie, baisse de la tension artérielle et ralentissement de la fréquence respiratoire, voire même une dépression respiratoire. La médétomidine peut être d'autant plus dangereuse pour les personnes qui la consomment avec d'autres substances sédatives, ce qui peut amplifier l'effet de somnolence, de la diminution de la tension artérielle, du rythme cardiaque ou de la respiration. La couverture en santé de La Presse Canadienne est soutenue par un partenariat avec l'Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est seule responsable de ce contenu journalistique.


La Presse
8 hours ago
- La Presse
Santé Québec veut lancer un projet pilote d'IA en 2026
De plus en plus de professionnels de la santé utilisent l'intelligence artificielle (IA) pour la transcription de notes médicales lors de consultations avec les patients, et Santé Québec a l'intention de saisir la balle au bond. Elle planifie un projet pilote qui devrait être lancé en 2026 dans le but de déployer à grande échelle l'IA pour les besoins de transcription médicale. Katrine Desautels La Presse Canadienne Des travaux sont en cours afin d'évaluer les solutions disponibles pour la prise de note clinique et non clinique, a fait savoir Santé Québec dans un courriel transmis à La Presse Canadienne. Actuellement, seules les solutions ayant obtenu une certification officielle de Santé Québec, entre autres pour garantir la protection des données des patients, peuvent être utilisées dans le réseau de la santé. Plume IA et CœurWay font partie de ces entreprises québécoises, et elles séduisent de plus en plus de médecins avec leur application. Pour l'instant, Plume IA fait surtout affaire avec des groupes de médecine de famille (GMF). L'entreprise est présentement en processus pour que l'application soit testée par des orthophonistes, des travailleurs sociaux, des médecins et des infirmières « pour démontrer que ça fonctionne » et éventuellement qu'elle puisse avoir « une acquisition de licence pour tout un département, pour tout un hôpital », indique le cofondateur de Plume IA, le Dr James Tu. Il a lancé Plume IA avec le Dr Jasmin Landry il y a à peine un an, et déjà, environ 10 % des médecins du Québec utilisent leur application, ce qui représente environ 2000 médecins. « Les commentaires qu'on a sont vraiment très encourageants. Les médecins nous appellent, ils nous écrivent, ils disent qu'on a changé leur pratique, ils rentrent à la maison beaucoup moins fatigués, ils ont plus de temps avec leur famille. On a des anecdotes de médecins de famille qui ont repoussé leur retraite cette année parce qu'ils trouvaient que la lourdeur avait diminué, puis que ça ramenait un peu de plaisir au niveau du travail », se réjouit Dr Tu. Ce dernier est médecin urgentologue. Dans sa pratique, il estime qu'il est capable de voir 4 à 6 patients de plus dans un quart de travail de huit heures. La durée de temps gagnée varie selon la pratique, mais en général, les professionnels de la santé économisent une à deux heures de rédaction de dossier par jour. « L'application est accessible et marche pour toutes les spécialités, soutient Dr Tu. […] Ceux qui ont beaucoup de plus-value en utilisant notre application, c'est ceux qui doivent faire beaucoup de rédaction. Je pense notamment aux travailleurs sociaux qui doivent rédiger des notes sur les données démographiques du patient, sur l'aspect psychosocial. » Relire, valider, insérer dans le dossier L'application Plume IA a deux modes, le premier consiste à enregistrer la discussion lors de la consultation avec un patient (après avoir obtenu son consentement), puis l'application transforme cette discussion en une notre médicalisée et structurée, une étape que les cliniciens sont habitués de faire par eux-mêmes. Le médecin peut également procéder à la consultation normalement, puis à la fin, s'enregistrer en train de parler avec l'application, qui va produire le même genre de note médicale structurée. Selon le Dr Tu, même si le patient a un accent prononcé ou que ce dernier utilise certaines phrases dans une autre langue, l'application sera capable de produire une note médicale fiable. « C'est ça la force de l'intelligence artificielle, c'est que ce n'est pas une transcription au mot pour mot nécessairement. C'est l'Intelligence artificielle qui interprète la conversation, […] qui est capable de déduire un petit peu plus c'était quoi le contexte », souligne Dr Tu. Il reconnaît qu'occasionnellement, certaines erreurs peuvent tout de même se glisser dans la note, et que la vigilance des cliniciens est requise. « Je pense que c'est une habitude que tout le monde a de toute façon, de façon instinctive de relire la note, et de corriger les coquilles s'il y en a ou de rajouter certaines informations qui sont plus visuelles ou qui sont implicites. Puis, ils peuvent corriger directement la note dans l'application. Ça prend quelques secondes et après, ils peuvent tout de suite la valider et l'insérer dans leur dossier », explique Dr Tu. Pour l'instant, Plume IA se concentre uniquement sur la transcription, mais son cofondateur a confiance que la technologie permettra un jour de faire avancer la précision et la rapidité des diagnostics. « Le potentiel est presque infini et je pense que ça va arriver effectivement », dit-il. Le docteur nuance toutefois que des enjeux importants doivent être abordés, notamment toutes les questions éthiques, l'imputabilité et la diversité de la provenance des données. La couverture en santé de La Presse Canadienne est soutenue par un partenariat avec l'Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est seule responsable de ce contenu journalistique.


La Presse
5 days ago
- Science
- La Presse
Hausse du nombre de travailleurs exposés
Le taux de travailleurs exposés au bruit intense est en augmentation au Québec, ce qui peut avoir des impacts sur leur santé auditive, notamment de développer de la surdité à un jeune âge. Katrine Desautels La Presse Canadienne Un récent rapport de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a fourni des estimations de la prévalence de l'exposition au bruit intense en milieu de travail. Les auteurs se sont basés sur l'Enquête québécoise sur la santé de la population 2020-2021 en la comparant avec l'édition de 2014-2015. Les résultats montrent que l'exposition de la main-d'œuvre au bruit intense est en hausse depuis 2014-2015, passant de 7,7 % à 8,6 % des travailleurs de 15 ans ou plus qui rapportent être exposés souvent ou tout le temps à du bruit intense au travail. Cela représente 340 000 travailleurs qui œuvrent dans des milieux de travail potentiellement dangereux pour leur audition. « Ce n'est pas une mesure objective du niveau de l'intensité. C'est vraiment une approximation qu'ils font », nuance Ronald Choquette, qui est professeur retraité à l'école d'orthophonie et d'audiologie de l'Université de Montréal. Dans son document, l'INSPQ précise qu'elle entend par bruit intense s'il est souvent ou tout le temps « difficile de tenir une conversation à quelques pieds de distance, même en criant. Ceci correspond à un niveau d'exposition au bruit estimé à au moins 85 décibels. » « C'est beaucoup, commente M. Choquette. Je veux dire 85 décibels, c'est un niveau que si tu es exposé huit heures par jour, tu peux développer une surdité du haut bruit. » Il souligne qu'il n'est pas rare que des ouvriers travaillent jusqu'à 12 heures par jour, ce qui augmente encore plus leur risque de surdité. « À chaque fois que tu augmentes de 3 décibels, il faut que tu diminues le temps de moitié. Ça veut dire que si tu travailles plus longtemps, il faut que le niveau de bruit soit plus faible. Dans notre domaine, on appelle ça une question de dose. C'est le niveau d'intensité du son par rapport à la durée d'exposition. Plus le niveau sonore augmente, plus ton temps d'exposition devrait être réduit. Ou si le temps augmente, ton niveau d'exposition devait être réduit aussi », explique M. Choquette. Prévalence plus élevée pour certaines professions M. Choquette estime que l'augmentation des travailleurs exposés au bruit intense est due en partie à « un boom au niveau de la construction », autant « de la construction domiciliaire ou la construction d'édifices ou d'entreprises ». Or, on observe une augmentation de l'exposition au bruit dans presque tous les secteurs d'activité économique, même dans des domaines comme l'information, les arts, la santé, la finance, les assurances, l'enseignement, etc. Certaines industries sont tout de même beaucoup plus concernées par des niveaux sonores trop bruyants. Le rapport de l'INSPQ a identifié 20 professions qui se démarquent par une prévalence élevée d'exposition à du bruit intense en milieu de travail, dont plusieurs sont dans le domaine de la construction. On retrouve aussi des emplois dans des secteurs de la fabrication, notamment de papier, première transformation des métaux, produits en plastique et en caoutchouc, aliments et boissons, etc. Parmi les autres domaines à risque, il y a : l'extraction minière, en carrière et extraction de pétrole et de gaz ; la foresterie, l'exploitation forestière et les activités de soutien et scieries ; ainsi que les activités de soutien au transport, par exemple, le personnel des opérations du transport ferroviaire. Comment se protéger ? Pour se protéger, le rapport suggère que la meilleure chose est de réduire le bruit à la source, « mais ce n'est pas toujours évident », soutient M. Choquette, qui par ailleurs siège au conseil d'administration d'Audition Québec. Il existe aussi des bouchons et des coquilles antibruit que les travailleurs doivent porter sur leur lieu de travail. Toutefois, la protection de ces équipements n'est pas infaillible. « Le problème de ces outils, c'est qu'il faut qu'ils soient bien utilisés. Il y a une manière de placer les bouchons parce que s'ils ne les placent pas bien, ils perdent beaucoup de leur efficacité. […] Si c'est mal utilisé, ça entraîne comme une fausse sécurité », explique le spécialiste. Par exemple, un travailleur qui est exposé à 95 décibels et qui porte des bouchons pourrait croire qu'il opère dans un niveau de bruit sécuritaire puisque son équipement lui enlève 15 décibels. Cependant, mal placés, les bouchons pourraient réduire le niveau sonore de seulement 5 décibels, ce qui est jugé dangereux pour son audition. Les coquilles ont aussi certaines limites, puisque les travailleurs vont souvent les enlever pour se parler entre eux ou s'il fait très chaud et qu'ils travaillent à l'extérieur. La conclusion du rapport rappelle l'importance pour les milieux de travail et pour les ressources en santé-sécurité de poursuivre leurs efforts visant à protéger la santé auditive des travailleurs et prévenir la surdité. M. Choquette croit qu'il faut un meilleur monitorage sur le terrain pour « s'assurer que les travailleurs utilisent bien la protection auditive » et qu'il s'agit d'« une vraie bonne protection ». Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l'Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l'unique responsable des choix éditoriaux.


La Presse
04-08-2025
- Science
- La Presse
Le virage est lent, selon certains anesthésistes
Il y a un peu plus d'an, l'INESSS publiait un avis qui recommandait de passer à un gaz anesthésique beaucoup moins polluant afin de réduire l'empreinte carbone, entre autres dans les blocs opératoires, en plus de réduire les coûts. Alors qu'on effectue des coupes dans le système de santé, des anesthésistes se demandent pourquoi l'application uniforme de cette recommandation tarde autant. Katrine Desautels La Presse Canadienne Dans son avis, l'Institut national d'excellence en santé et services sociaux (INESSS) indiquait qu'il préconisait l'anesthésie au sévoflurane et l'élimination, « sauf en cas de situations très exceptionnelles », de l'usage du desflurane, qui a une empreinte carbone 40 fois plus élevée que le sévoflurane. En 2023, le nombre d'heures d'anesthésie générale au desflurane ne représentait que 3 % du nombre total d'heures d'anesthésie associées aux agents halogénés, mais ce gaz a engendré 51 % des tonnes d'équivalent CO 2 associées à ces agents. De plus, le remplacement progressif du desflurane par le sévoflurane pourrait permettre des économies de 204 400 $ sur trois ans. « Ce n'est pas des sommes colossales, mais ce sont quand même des sommes pas négligeables qui pourraient certainement servir à mieux que de les gaspiller de cette façon-là », commente l'anesthésiste Stephan Williams. « Ce qui nous rend quand même tristes, les cliniciens, c'est de voir des coupes des fois dans des choses qui sont importantes pour les patients ou des choses qu'on ne peut pas développer, qu'on aimerait développer et qu'on nous dit que c'est pour des raisons budgétaires. En même temps, il y a des dépenses comme ça qui se font sans bénéfice pour le patient alors que les rapports de notre propre institut d'excellence — qui a coûté quelque chose à faire aussi — nous disent d'arrêter de le faire. » Santé Québec assure être à l'œuvre L'INESSS recommandait également de fermer les canalisations dans les établissements de santé qui distribuent du protoxyde d'azote — un autre gaz polluant qui a une durée de vie de 109 ans dans l'atmosphère. « Ça ne veut pas dire aller dans les murs et tout arracher les tuyaux, c'est un travail quand même assez simple. Il y a un réservoir central de protoxyde d'azote, là on débranche les grosses bombonnes de protoxyde, puis on met des capuchons là où le protoxyde sortait des murs. On écrit à tout le monde, on coordonne, on dit : 'maintenant, si vous en voulez, ça va être avec des bombonnes'. Puis la chose est faite », résume M. Williams. Il est cogestionnaire médical du Comité stratégique en carboneutralité et développement durable du CHUM, qui vise à atteindre la neutralité carbone d'ici 2040. D'ailleurs, il précise que le CHUM avait déjà procédé à la fermeture des canalisations centrales de protoxyde d'azote avant même la publication du rapport de l'INESSS. Plusieurs établissements ont cessé d'utiliser le desflurane, mais d'autres continuent d'en acheter, selon M. Williams. Le desflurane n'a pas non plus été retiré de la liste provinciale des médicaments, contrairement à ce que recommandait l'INESSS. Santé Québec a fait savoir que les recommandations de l'INESSS seront suivies et que les travaux sont en cours. Dans un courriel transmis à La Presse Canadienne, la société d'État mentionne qu'elle « s'engage à réduire l'empreinte environnementale du réseau de la santé et à intégrer les principes du développement durable dans ses pratiques cliniques ». « Les établissements (CISSS et CIUSSS) ont amorcé des démarches afin de réduire progressivement l'utilisation du desflurane, un gaz à effet de serre particulièrement puissant, au profit d'alternatives moins polluantes, comme le sévoflurane », a écrit Santé Québec, sans préciser quelles démarches avaient été entamées en ce sens. « S'il y a quelque chose qui avance, on ne le voit pas. Ni sur le terrain ni dans les communications », s'impatiente M. Williams. Il souligne qu'il se fait beaucoup de bon travail en pérennisation environnementale des soins sans compromis pour la qualité, mais malheureusement, dit-il, il constate un manque de la part de Santé Québec de généraliser les bons coups locaux des cliniciens. « Je vais le croire quand je vais le voir » « Ce que je comprends juste en discussions informelles avec mes collègues, il y a beaucoup de centres qui ont arrêté de l'utiliser (le desflurane) suite à la publication du rapport. Mais ce travail de groupe par groupe, individu par individu, ce n'est pas quelque chose qui vient du ministère ou de Santé Québec, et pourtant, c'est eux qui ont commandé ce rapport-là », fait valoir M. Williams, qui coordonne le comité carboneutralité de l'Association des anesthésiologistes. En effet, le ministère de la Santé et des Services sociaux a confié à l'INESSS le mandat de formuler des recommandations sur les meilleures pratiques cliniques à mettre en place pour diminuer l'empreinte carbone de l'anesthésie générale par inhalation. Le ministère a fait cette requête à la suite d'une demande de l'Association des anesthésiologistes du Québec. Le sous-ministre à la Santé et aux Services sociaux a transmis, le 24 mars dernier, une lettre à Santé Québec lui demandant de donner suite à l'avis de l'INESSS pour revoir l'utilisation des gaz afin de diminuer l'empreinte carbone dans le réseau de la santé. « En accord avec les recommandations proposées, le MSSS a notamment demandé que soit minimisée, voire cessée, l'utilisation du desflurane, tout en laissant une marge pour son utilisation selon des motifs de nécessité médicale particulière. Une approche progressive est recommandée pour y parvenir, afin de s'assurer du respect des contrats en vigueur », précise le ministère dans un courriel. Certes, M. Williams est encouragé par le fait que Santé Québec veuille aller de l'avant avec les recommandations, mais il est sceptique. « Je vais le croire quand je vais le voir », dit-il. Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l'Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l'unique responsable des choix éditoriaux.